Animation

Comment ne plus être à court d’idées ?

Ils sont là. Regroupés. Certains vous scrutent, silencieux. D’autres s’agitent nerveusement. D’autres encore discutent du contrôle de maths de ce matin, ou de la dernière chanson à la mode. Ils attendent que vous leur donniez les consignes. Que va proposer l’anim’ ? Un jeu en extérieur, une activité scientifique, quelque chose de manuel, de la pâtisserie, autre chose ? A quelle sauce va-t-on être cuisiné ? Mais quel suspense insoutenable !

Et là, l’anim’ lâche un : « Bon, bin c’est jeux libres ! »

– « Heu, oui, enfin là c’est la 4ème fois consécutive que tu proposes des jeux libres alors que ce n’est pas ce dont on avait parlé en réunion ! C’est quoi la difficulté ? »

– « J’ai pas d’idée de jeux ! »

 

 

C’est une phrase qui a résonné dans mes oreilles, parfois. Dans la bouche de personnes qui découvraient l’animation, souvent.

Ok, pas d’idées de jeux. Une situation qui peut frapper dans différents cas de figure.

Par exemple :

  • Un manque de préparation de l’animateur (reconnaissez que vous n’avez pas forcément bien bossé le sujet en amont),
  • Le fait que les enfants n’aiment pas les propositions qui leur sont faites (Eh oui ! Vous avez beau être absolument génial en tant qu’animateur, c’est tout à fait possible !),
  • Le moment où il faut attendre le bus et qu’aucune idée ne surgit à ce moment-là (on a tous un coup de mou par moment)
  • Le collègue qui nous a piqué le matos alors qu’on l’avait mis de côté (Rooh pinaise ! et pourtant, vous aviez prévenu ! Arf, faudra remettre ça sur le tapis à la prochaine réunion !).

Or, lorsqu’on se retrouve face à un groupe d’enfants plein d’énergie (ou pas), mieux vaut être inspiré et savoir comment les occuper 😊

Voici quelques petits conseils avisés pour éviter la panne sèche.

 

Quand tu parles « d’idées », tu parles de quoi ?

Pour commencer, quand je parle d’idées, je parle aussi bien des idées au long cours (des projets plus importants, sur plusieurs séances qui se suivent et ont une cohérence éducative) que des idées « flash éclair » (le petit jeu improvisé avec les moyens du bord).

 

Ok, une idée, c’est bien mais ça se trouve où ?

Dans votre petite tête ?? Pas sûr !

-Lorsqu’on débute dans un domaine, on ne peut pas tout savoir d’entrée de jeu et parfois, même les vieux loups de mer sont à court d’idées. Rassurez-vous, à l’ère d’internet « au creux de la main », si vous avez des difficultés à trouver des idées par vous-même, il y a des banques de données considérables qui peuvent vous sortir du bourbier.

Je vous en cite quelques-unes ici mais je vous ferai un topo plus complet dans un avenir proche.

– Quand on a un peu plus d’expérience, on peut piocher dans notre sac de trucs « déjà faits », nos expériences passées. Personnellement, je propose rarement deux fois la même animation. J’essaie de varier les plaisirs, ça m’évite de m’ennuyer au passage.

-Dans le quotidien. Un anim’ peut se sentir inspiré par ce qu’il vit dans sa vie de tous les jours. Peu de personnes arrivent à faire le distinguo entre les moments « boulot » et les moments « perso ». La frontière peut être plus que floue étant donné que nous sommes des êtres humains et non des machines munies d’un bouton « on/off ». On peut donc avoir une idée qui nous vient en voyant un programme télévisé, en faisant une balade, en visitant un lieu, en participant à une soirée, à un mariage… Bien sûr, je parle d’inspiration, hein ?! Pas de faire un copié/collé de la dernière soirée où vous avez dépassé vos propres limites ! Soyons corrects, on parle d’adapter des idées à un jeune public. 😉

 

Que faire lorsqu’on n’a pas d’idée ? La clé : anticiper

Certains d’entre nous sont naturellement doués, créatifs, spontanés, imaginatifs ! J’ai connu ce genre de personnes ! J’ai travaillé des années avec une directrice de structure que je trouvais très inspirante. Quand elle prenait un groupe d’enfants en animation, elle avait souvent des idées qui germaient instantanément dans sa tête et elle les mettait en place sur le terrain en deux temps trois mouvements. Parfois elle anticipait de longue date, parfois elle « pondait » l’animation avec une spontanéité déconcertante !

Personnellement, je n’étais pas aussi réactive, bien que je présente indubitablement de fabuleuses autres qualités pour animer 😊 Pour moi, l’art de l’animation est d’anticiper un maximum de choses (surtout pour la mise en sécurité du public accueilli !).

Je vous entends me rétorquer :

« Oui mais si tu anticipes tout, ça enlève de la spontanéité et de toute façon, il reste les imprévus ! »

« Voui, tout à fait ! Cela dit l’anticipation me permet de garder de la spontanéité et de rebondir (imprévu, temps d’attente à occuper, demande spécifique des enfants…). Un peu comme si j’avais une base et que celle-ci me permettait d’être plus créative et réactive ensuite.

 

OK, tu m’as convaincu ! Comment anticiper ?

Et bien, je n’ai pas de baguette magique mais je vous propose quelques pistes de réflexion :

1. Y a quoi dans le projet péda ?

Ce document sert de phare dans la nuit. Il est, théoriquement, construit en équipe (qui se résume souvent à « par le directeur seul » par manque de possibilités de faire autrement). Il est absolument nécessaire d’en prendre connaissance et de connaître les objectifs pédagogiques si on veut articuler nos animations avec cohérence. Ces objectifs sont, en quelque sorte, les racines de nos activités et projets à venir. Ça nous fait une bonne première piste à suivre si on veut anticiper nos activités.

2. Quelle posture d’animateur adopter par rapport au PP ?

Il ne s’agit pas d’une posture de yoga les amis ! Ici, on parle de posture d’animateur. Il y en a 4 que je m’empresse de vous rappeler : donner à jouer, jouer avec, laisser jouer, faire jouer. Ce sont 4 manières de se positionner en tant qu’animateur (mais je vous ferai un debrief dans un prochain article). C’est à garder dans un coin de votre tête. En fonction de vos objectifs pédagogiques (par exemple concernant la coopération ou l’autonomie des enfants), vous allez peut-être opter plus pour l’une ou l’autre de ces façons de faire. Cela peut donc vous aider à anticiper vos activités.

3. Qu’est-ce qu’on « se sent » de proposer ?

Oui, cette question se pose aussi. Il y a des domaines dans lesquels nous sommes plus à l’aise que d’autres. Certains se sentiront vite débordés par un atelier cuisine, d’autres par un groupe de 30 enfants désirant faire une activité sportive. Je ne dis pas qu’il ne faut pas, de temps en temps, pousser les portes que nous n’avons pas l’habitude de pousser mais, dans un premier temps, on peut encadrer des activités dans lesquelles on se sent un peu plus à l’aise et, une fois plus confiant, aller explorer d’autres sphères. A ce sujet, travailler en équipe aide bien à se familiariser avec d’autres types d’activités !

4. Quelques outils utiles pour mes recherches d’activités

On peut se créer des petits outils ultra pratiques pour s’aider à anticiper, qui serviront également en cas de panne d’idée. Je développerai le contenu dans un prochain article. Je vous fais une brève présentation de ceux-ci :

  • Un petit tableau pour aider à varier les activités
  • Un petit carnet de jeux
  • Une liste de thèmes
  • Une liste des sites « ressource »
  • Le journal de l’animation
5. Préparer son matos

Très concrètement ! De quoi avez-vous besoin pour votre activité ? Une fois identifiée, demandez-vous si c’est en stock dans la régie (l’endroit où l’on stocke le matériel) ou s’il faudra anticiper suffisamment tôt et le commander, ou l’acheter (dans ce cas, adressez-vous au directeur, hein ! N’achetez pas le matos avec vos propres deniers ! A moins que vous ne travailliez pour une structure qui vous paye une fortune 😉)

6. Se faire aider des collègues

Il y a toujours plus d’idées dans plusieurs têtes que dans une seule. Un des avantages du travail d’équipe.

7. Communiquer en équipe

Ce point s’articule avec le premier. Une bonne communication est à la base de beaucoup de choses.

 

Nan mais c’est pas au programme ! Ou comment gérer l’imprévu ?

 
Les impondérables

Tu avais prévu un jeu en extérieur. Météo Info indiquait que ça serait nuageux mais sans pluie. Parfait. Seulement, au moment de partir avec ton groupe, crac ! Il se met à pleuvoir des cordes ! Fichue Météo Info !!! Tu ne peux décemment pas proposer aux enfants de sortir. Que vas-tu faire ?

Rapide coup de scanner dans ta tête. Combien d’enfants sont présents ? De quelle place disposes-tu ? Quelle solution de repli ? As-tu du matos de secours à portée de main ? Ton petit carnet préparé à l’avance avec toutes tes ressources peut te sortir d’épaisseur.

Parfois, l’imprévu amène à être créatif et de super moments se créent, parfois la magie n’opère pas et ça peut être un moment de galère qui finira dans les mémoires.

Les enfants veulent faire autre chose

…et ont tout plein d’idées ! Formidable ! Voilà de quoi éviter des pannes, tu n’es pas tout seul à proposer des activités.

Un de mes meilleurs souvenirs d’anim’ est une pièce de théâtre/comédie musicale que nous avions montée avec « mon » groupe. C’était à l’époque des nouvelles activités périscolaire (TAP/NAP et autres joyeux acronymes désignant les nouveaux temps imaginés par la réforme des rythmes scolaires). Nous avions 3h, chaque jeudi après-midi, pour proposer des activités aux enfants. Je me suis installée autour d’une table avec eux, et nous avons étalé nos idées tous ensemble (du moins ceux qui le souhaitaient). Nous avons fourmillé d’idées et c’est au gré de celles-ci que le projet s’est construit : une histoire, un scénario, des personnages, des costumes en carton. Les enfants qui jouaient du djembé se sont portés volontaires pour « sonoriser » la pièce et, après quelques séances, une sorte de comédie musicale, clairement inspirée du Roi Lion, a vu le jour. C’était notre création collective. Les enfants étaient très impliqués dans ce projet ! Un excellent souvenir !

Pour ceux qui ont besoin d’une trame, d’une piste, d’un chemin à suivre, il existe bien un petit quelque chose. Oserais-je en parler ici ? Oui, tout à fait ! Il s’agit des thèmes et on distingue bien souvent les « pour » et les « contre ».

 

Les thèmes, source d’inspiration ou pas ?

Alors voici un sujet qui peut diviser les foules. Le camp des aficionados du thème et le camp de ceux qui se sentent pris au piège et enchaînés. Le camp de ceux qui se sentent portés et inspirés par tout un monde à créer et ceux qui souhaitent voguer à leur gré sans fil à la patte.

 

 

En tant qu’animatrice, les thèmes me permettaient d’aller chercher des idées où je ne serais pas forcement allée de moi-même. Cela me permettait d’explorer d’autres pistes que celles que je connaissais. Quelque part la contrainte permet la créativité. Les thèmes peuvent être d’une grande aide pour les personnes qui ont besoin d’être canalisées dans leurs idées. Dans ce cas, ils servent d’appui pour aller à la pêche aux idées. Par contre, cela impliquera d’aimer un tant soit peu le thème sur lequel on travaille ! C’est bien plus simple d’être inspiré lorsqu’on aime ce qu’on fait.

En tant que directrice, je ne voyais aucun inconvénient à ne pas proposer de thème si cela était de nature à entraver la créativité. De plus, si les enfants veulent prendre possession du planning et que leurs propositions ne rentrent pas dans le thème, bin tout va bien. Personne ne fera une syncope parce qu’on sort du sacro-saint thème.

 

Mais alors « thème ou pas thème »

C’est l’équipe, via le projet pédagogique, qui va définir comment bosser… mais pas que !

Dans la vraie vie, c’est souvent l’organisateur qui demande à ce qu’un décor soit posé (il s’agit de la structure qui décide de faire appel à une équipe d’animation pour mettre en place des temps d’accueil à destination de tel ou tel public). Bin voui, on veut envoyer du rêve, attirer le chaland, montrer que ça bosse (serait-ce une habitude de croire que s’il n’y a pas de thème on ne fiche rien ?), pis bon « on a toujours fait comme ça ! »

Ce décor peut prendre vie via les fameux « thèmes ». En théorie, ils peuvent être choisis à la discrétion de l’équipe d’animation. Dans la pratique, vous pouvez débarquer dans un centre où tout est déjà plié d’avance. Ces thèmes servent souvent plus à faciliter la communication avec l’extérieur (les familles notamment) et attirer les enfants au centre de loisirs. Bien que cela ne fonctionne pas pour tout le monde. Le centre aéré est bien souvent vu comme un moyen de garde pour les parents qui ne peuvent pas faire garder leur enfant autrement. Cela dit, le centre où j’ai travaillé à mes tous débuts enchantait les enfants et les familles. Là, bien plus d’enfants venaient pour le plaisir et pas seulement parce que papa, maman, papi, mamie, tata, tonton, les voisins, les copains n’étaient pas dispos ou habitaient trop loin pour garder le petit Ulysse.

L’existence de thème (ou non) devrait sans doute découler d’une réflexion d’équipe au moment de la création du projet pédagogique.

Bon, j’avoue être partie sur pas mal de sujets plus ou moins proches de notre question de départ.

 

Un petit récap :

En panne d’idée ? L’arsenal :

  • Anticiper et préparer ses activités (en amont, pas à la dernière minute) à l’aide d’outils du type « petit carnet » « tableau », « cahier de chansons », le tout garni des idées de tous ces fabuleux sites internet
  • On pioche dans son quotidien
  • On recycle des animations qui ont fonctionné avec d’autres enfants
  • On s’inspire du projet péda, des 4 postures de l’anim’
  • On regarde dans quel domaine on est à l’aise (c’est souvent là qu’on aura le plus d’idées)
  • On se fait aider de ses collègues
  • Et bien sûr, n’oubliez pas les enfants ! Ils peuvent être tout à fait inspirés

Voilà pour les quelques clés que j’avais dans ma besace. J’espère que cela vous aura éclairé un tant soit peu (oui, c’est la deuxième fois que j’emploie cette expression dans cet article, et alors ?! 😊)

Laissez-vous le temps d’acquérir de l’expérience. C’est en animant que l’on devient animateur (ça marche aussi pour les forgerons qui forgent, il paraît).

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